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tous les styles connus et inconnus. Carnaval architectonique : le temple grec et le chalet suisse bras dessus, bras dessous, la pagode indienne qui s’accole au pignon néo-gothique, le trèfle arabe logé sous la fenêtre à guillotine et l’œil-de-bœuf sur le moucharabieh ! Tout cela colorié crûment, avec des airs de foire, une rue d’exposition et, pour achever notre déroute, barrant l’extrémité de High-Street, le grand mur à mâchicoulis du Bargate, ses trois porches ogivaux, ses écussons, ses meurtrières et sa fine dentelle de créneaux…

Heureusement que, vers cinq heures, les rues commencent à s’animer. Des tramways circulent. Nous prenons d’assaut le premier qui passe et, quand celui là nous a conduits au point terminus de la ligne, nous en prenons un second, puis un troisième, qui coupent la ville en tout sens.

Elle est plus grande que nous ne pensions, cette ville, à larges voies, avec de beaux jardins, comme Queen’s Park, les statues de Palmerston et de Watts et le monument très simple, très émouvant (une croix sur un chapiteau carré porté par un faisceau de colonnettes), dressé à la mémoire du général Gordon.

Comme dans toutes les villes anglaises, c’est dans les faubourgs, presque en rase campagne, qu’est le quartier riche. Par exemple, nulle lourdeur cette fois, aucune recherche, aucun faste de mauvais goût dans les constructions ; mais de gracieux cottages en brique et faïence émaillée, d’une polychromie tout à fait réjouissante sous cette grisaille du ciel saxon…

Brusquement, au détour d’une avenue, une bouffée