Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/214

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parence qui n’en porte pas moins le titre flambant d’Hôtel Continental et qui est tenu, nous dit-on, par un Mâconnais authentique. Ce brave homme, gras à lard, avec de petits yeux vairons, des bajoues luisantes et un tablier malpropre, ne parut point autrement sensible à l’honneur d’héberger des compatriotes. S’il ne nous écorcha point jusqu’à l’os, peu s’en fallut.

Nous ne pensions rester à Southampton que quelques heures, le temps de visiter la ville : nous avions compté sans le dimanche anglais. Les locomotives anglaises vont au prêche le dimanche. Il n’y avait qu’un train pour toute la journée, un train anglican, compassé, qui faisait tout juste ses quatre kilomètres à l’heure et stoppait vertueusement à Salisbury.

Force nous était de finir la journée à Southampton. Mortelle attente ! Quelques-uns d’entre nous se risquent jusqu’à Nettley. D’autres battent les rues. Pas un chat dehors. Toutes les boutiques fermées. J’essaye vainement de forcer la porte de deux ou trois marchands de tabac dans High-Street, qui est l’artère principale de Southampton. Faute de mieux, nous réintégrons notre gargote. M. Bourgault-Ducoudray, l’éminent musicographe, croque au passage le carillon d’une église ritualiste, un carillon sautillant et leste qui dégourdirait des paralytiques et serait tout à fait à sa place au Moulin-Rouge. Ici, dame…

Mais voyez les maisons de High-Street : elles vont de pair avec le carillon. C’est pourtant la rue du commerce et ces maisons extravagantes sont des magasins, des tea-rooms, des hôtels ou des banques. Mais il semble que leurs habitants aient fait la gageure de marier