ne relèvent chez nos voisins d’une administration d’État. Ils appartiennent à une société particulière d’origine très ancienne, puisqu’on la voit mentionnée dans une charte de Henri VIII, datée du 20 mars 1512, la Trinity-House of Dorford Strand, qui monopolise l’éclairage des côtes pour toute l’Angleterre et le pays de Galles[1]. La société se charge de l’entretien des feux ; en échange, les navires qui passent en vue de ces feux sont frappés d’un droit de péage qu’il leur faut acquitter à leur entrée dans les ports du Royaume-Uni…
Chaque tour d’hélice fait saillir un nouveau détail du paysage. L’île de Wight, qui se confondait tout à l’heure avec la côte, s’en détache peu à peu, prend une personnalité, des lignes, une structure et une couleur distinctes. Quand nous aurons doublé la pointe sableuse de Carisbruch-Castle, mince et plate comme une lame d’épée, nous quitterons l’eau salée pour l’eau douce, le British Channel pour les Southampton-Waters, celles-ci formées par la réunion des différentes rivières qui passent à Southampton et qui s’élargissent prodigieusement à leur embouchure. Les rives basses de Wight laissent à découvert, au reflux, de grands marais dormants, des vases grises et vertes, où les pattes des échassiers s’inscrivent lisiblement en triangles contrariés. Sur la hauteur, dans la verdure,
- ↑ Le monopole est concédé pour l’Écosse à la Corporation of the Commissionners of Northern Light-Houses et, pour l’Irlande, à la Corporation for preserving and improving the Port of Dublin.