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qu’île. Cependant, à Groix, qui posséda la première école de pêche sérieusement organisée, les pêcheurs hauturiers, traqueurs de thons, courtiers en sardines, se tiennent au courant des moindres perfectionnements maritimes. Leurs grosses chaloupes, montées par cinq ou six hommes d’équipage, quelques-unes pourvues de petits moteurs à pétrole, ne jaugent pas moins de 60 à 80 tonneaux. Un raid sur les côtes d’Espagne ou du Portugal n’est pas pour effrayer ces fils de la « Sorcière ». De la vieille groac’h ancestrale, qui donna son nom à leur île, ils héritèrent le don d’ubiquité, la faculté précieuse entre toutes d’arriver bons premiers sur les marchés de Brest et de Concarneau en même temps que sur ceux de Bayonne et de la Rochelle. Et ce n’est pas une légende qu’ils naviguent tout exprès sans baromètre, pour ne pas être arrêtés dans les ports par ses indications.

Les Grésillons sont les rois de la pêche côtière. Mais, dans la plupart des îles bretonnes, la situation économique des pêcheurs s’est sensiblement améliorée grâce au développement du balisage, à la création de cales et de viviers flottants, à l’ouverture des petites voies ferrées qui sillonnent le littoral et permettent l’expédition rapide de la marée vers les villes de l’intérieur. N’était l’alcoolisme, le bien-être des îliens serait encore plus grand. Ouessant ne possédait au commencement du XIXe siècle qu’un seul cabaret, lequel, au témoignage de Cambry, « ne délivrait jamais plus d’une bouteille de vin au même individu ». Il y a aujourd’hui 17 débits à Ouessant, 15 à Sein, 10 à Molène, je ne sais combien à Groix, à Belle-Isle, à