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choisit les terrains, toujours exposés au sud et à proximité du port ; il veille à la bonne exécution comme au bon agencement des immeubles (larges ouvertures, aération automatique, etc.) ; il s’adresse surtout aux jeunes ménages, dans le double espoir de leur inculquer des habitudes d’épargne qui les arrachent aux sollicitations de l’alcool et de prévenir les démoralisants effets des longs chômages périodiques dont souffre la pêche sardinière.

Souhaitons qu’une telle entreprise, qui ne sollicite aucun concours financier, qui veut agir et se répandre par la seule puissance de l’exemple, rayonne bientôt sur toute la côte. Elle n’est téméraire, aventurée, que pour ceux qui ne connaissent pas M. de Thézac et les miracles dont il est coutumier. Ceux qui, comme moi, ont vu à l’œuvre le fondateur des Abris ne gardent aucune inquiétude : entre ses mains le Bien du pêcheur ne périclitera pas ; l’arbre portera tous ses fruits ; il a commencé déjà à les porter…

Et, tandis que le vent du large soufflait en foudre autour du viaduc d’Auteuil, je me disais :

— Souffle, naufrageur ! Ton règne est passé : tu as trouvé ton maître… Il est là-bas, dans une crique perdue de la mer bretonne, à l’embouchure de l’Odet. Il semble que d’une chiquenaude tu le renverserais… Si la Bretagne maritime peut être sauvée des griffes de tes deux pourvoyeurs habituels, les plus sûrs complices, l’ivrognerie et la routine, ce sera pourtant par ce fragile petit homme… Souffle, vent du large, roi découronné !