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drisses du sémaphore, le cône noir, avertisseur des basses pressions atmosphériques, n’est pas toujours hissé assez tôt. Et, même hissé en temps opportun, il n’arrête pas toujours le marin qui n’a pour vivre et faire vivre les siens que le produit de sa pêche quotidienne.

Si encore la pêche était bonne ! Mais de plus en plus la mer se montre avare, le poisson capricieux ou rétif. La sardine n’a peut-être pas quitté sans esprit de retour les côtes bretonnes ; il n’est même point sûr qu’elle émigre et il est plus vraisemblable qu’elle se cache d’octobre à mai dans les profondeurs ; mais il faudrait pour la prendre des engins moins rudimentaires que ceux dont on s’obstine à se servir. Restent les autres pêches : la pêche des raies, praticable seulement aux mortes-eaux d’hiver, une semaine sur deux ; celles des maquereaux, lieux, grondins, turbots, congres, etc.. Toutes, même la pêche des langoustes, languissent peu ou prou, depuis que les chalutiers à vapeur sont entrés en scène ; ces « ravageurs de la mer », comme on les appelle à Douarnenez, sont les bêtes noires de nos pêcheurs. Enfin l’alcool — l’abominable alcool de grains et de pommes de terre, six fois plus nocif que l’alcool ordinaire, d’après Dujardin-Beaumetz — ne laisse pas d’avoir sa large part de responsabilité dans la crise.

De 1858 à 1900, la consommation de l’eau-de-vie a plus que doublé en Bretagne : elle est de 19 litres par