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voisinage, il y eut, entre autres, un frère de Yann qui oublia, toute une année, près d’une de ces sirènes, la Gaud qui l’attendait à Paimpol. Le remords, quelque lassitude aussi peut-être et cette nostalgie dont ne guérissent jamais les Bretons, l’arrachèrent enfin à son péché. Il s’évada sur une goélette en partance, retrouva au pays sa fiancée et l’épousa. Mais, de ses amours passagères, une fille naquit, merveille de grâce et de fraîcheur, qui tenait, il y a quelques années, le petit débit de Patrix-Fiord, où nos pêcheurs aimaient venir fumer leur pipe autour du poêle. Cette jeune Celto-Islandaise flattait obscurément leur fatuité : elle symbolisait l’accord des deux races ; fidèle aux rites de l’hospitalité islandaise, elle leur présentait, à leur entrée dans le bœr une jatte de lait où elle avait trempé ses lèvres, puis ces lèvres mêmes à goûter…

À Pâques, à la Saint-Jean d’été, les goélettes encore sont en fête.

Dans la nuit du 24 juin principalement, tandis que la Bretagne lointaine, là-bas, derrière l’horizon, s’étoile de points d’or et danse autour de ses tantads, la mer d’Islande, à son exemple, se fleurit de soudaines constellations.

Un baril, depuis le matin, sur la goélette, oscille lourdement à l’extrémité de la grande vergue. On y a empilé d’antiques défroques, mouffles, « cirages », vareuses, préalablement trempées dans le goudron et l’huile de foie de morue. Comme en Bretagne de son