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on leur dit d’aller, s’en retournent de même et, dans un pays qui n’a pas de routes, n’égarent jamais les équipages qu’on leur confie.

Encore ces équipages sont-ils — relativement — des privilégiés. Que de navires perdus corps et biens pendant la traversée de Paimpol « à » Islande ! Elle est longue, cette traversée, — longue et périlleuse. Au-delà des Shetland, plus de phare. Reste la boussole : mais l’aiguille, comme affolée par le voisinage des volcans, dévie souvent de 25 degrés en quatre heures à la même place… Et la pêche commence. Loti l’a décrite ; il n’y faut plus toucher. Tout de même, depuis Loti, la vie du Pêcheur d’Islande s’est un peu améliorée. L’armement paimpolais ne ressemble plus guère à l’armement d’il y a vingt ans ; elles ne seraient plus exactes pour toutes les goélettes, ces lignes navrantes du Dr Forterre, médecin-major de la marine :

« Les logements sont mal distribués, mal aérés, encombrés. L’hygiène le plus élémentaire y est méconnue. L’éclairage le plus souvent est obtenu au moyen d’une lampe alimentée avec l’huile de foie de morue. Odeur nauséabonde… Malpropreté… Jamais de pain, jamais de viande fraîche, sauf pendant les courtes relâches dans les fiords… »

J’ai visité, à Paimpol, des postes d’équipage qui ne ressemblaient pas aux porcheries flottantes décrites par le Dr Forterre : propres, clairs, ils faisaient plaisir à voir : mais ils étaient encore l’exception et il faudrait qu’ils devinssent la règle. On y arrivera.

Autre progrès : l’Islande, depuis l’année dernière, est rattachée au confinent par un câble qui traverse les