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en a sollicités à diverses reprises : ils n’ont point fait mine d’entendre et on peut le regretter. L’énigme serait vite éclaircie, si l’on savait : 1o qu’Olivier-Louis de Corret de Kerbeauffret, père du premier grenadier de France, fut propriétaire par lui ou sa femme, Jeanne Lucrèce Salaün, dame du Rest, d’une maison familiale sise rue Saint-Joseph, à Carhaix ; 2o quelle était cette maison ou quel emplacement elle occupait. Celle qu’on a tenté d’authentifier officiellement pour la maison natale du héros et qui est portée comme telle dans tous les guides ne me paraît avoir d’autre droit à ce titre que la tradition et une tradition qui ne saurait remonter très haut, puisque, nonobstant la plaque posée en 1832 et si mystérieusement disparue, Jollivet pouvait écrire au milieu du siècle dernier : « Nul n’indique la maison où est né le premier grenadier de France. »

On l’« indique » aujourd’hui, et une plaque — qui n’est pas celle de 1832 — signale l’immeuble au respect du passant. La recommandation n’est peut-être pas superflue : rares seraient les pèlerins qui s’arrêteraient devant cette maison, si, d’ordre administratif, à raison ou à tort, on ne la leur avait donnée pour historique. M. Ardouin-Dumazet, qui la visita en 1896, lui fut particulièrement sévère : il lui découvrait « un caractère froid, banal, pauvre, jurant avec le pittoresque des hauts pignons, des murs ventrus, des façades sculptées qui l’avoisinent. » Comme eux pourtant, elle est bâtie « de robuste granit à gros grain » ; des « pierres énormes forment le linteau et les montants des portes et des fenêtres ; le reste (?) est un