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foyer où toutes les opinions tiennent à l’aise. On peut être régionaliste et on peut être en même temps conservateur, nationaliste, progressiste, radical ou socialiste à tous crins. Que dis-je ? Je sais des libertaires comme l’auteur de la Psychologie du Militaire professionnel, Augustin hamon, qui sont aussi des régionalistes. Et, de la bouche de ministres en activité, tel M. Rouvier hier, nous avons entendu des professions de foi que ne désavouerait pas Charles Brun.

Déduisons-en que le régionalisme est un état d’esprit général et qu’aucun parti n’a le droit de s’en prévaloir à l’exclusion des autres. Et c’est peut-être pour cette raison que la cause du régionalisme fait si peu de progrès en France. Nous souffrons du mal de l’unanimité et d’être tous d’accord sur le but à atteindre. Et nous ne serions pas des Français enfin si, quand, à la tribune du Parlement, dans nos congrès ou nos banquets régionaux, nous avons affirmé, d’un verbe éloquent, l’urgente nécessité de « décongestionner » la France, nous ne nous tenions point pour satisfaits de cette dépense d’énergie et convaincus que l’Idée est en marche, cependant que nous retournons nous asseoir.

Messieurs, je ne veux pas dire que nous nous asseyons dessus. Mais enfin regardez, examinez ! Nous sommes en Bretagne ce soir : y a-t-il quelque chose, décentralisateurs, régionalistes, fédéralistes, que nous considérions comme plus sacré, plus intangible, que la langue parlée dans nos provinces respectives ? Cette langue, quand elle ne serait plus qu’un patois informe, elle est le palladium de nos nationalités agonisantes. Qu’on ne dise point qu’elle est aussi l’arme