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sède un de ces ossuaires, tout moderne et pareil, avec ses rangées symétriques de petites châsses peintes, aux columbaria de la primitive église. Au centre de l’ossuaire s’ouvre un caveau pour recevoir les ossements tombés en poussière ou que personne n’a réclamés à leur exhumation. Mais la disposition funéraire la plus curieuse se voit incontestablement au cimetière de Saint-Pol-de-Léon, dont le mur d’enceinte est jalonné intérieurement de niches gothiques destinées à abriter sous leurs arcades les boîtes contenant les crânes des exhumés : ces niches sont comme autant d’ossuaires en miniature qui gravitent autour du magistral ossuaire à trois nefs, trois autels, six enfeux et six piscines, placé sous le vocable de saint Pierre et récemment désaffecté[1].

  1. 1878. « À cette date, dit un article de la Dépêche de Brest que je résume, des réparations importantes furent faites à l’ossuaire. Les jours de grand vent, quand avait lieu une cérémonie funéraire, il n’était pas rare que les boîtes placées un peu partout sur les chapiteaux et dans les enfeux tombassent sur la tête des assistants. De plus la rumeur publique accusait certains pillawers (marchands de chiffons et d’os), pour grossir leurs lots, de faire volontiers main basse sur les débris humains de l’ossuaire. Le curé de Saint-Pol, avisé de ces manœuvres sacrilèges, prescrivit l’enlèvement de tous les crânes, tibias, péronés, etc., qui furent solennellement inhumés dans une grande fosse creusée au pied du beau calvaire offert par M. le comte de Guébriant. » Ajoutons qu’on peut voir encore, dans la cathédrale même de Saint-Pol, sur le couronnement du chancel, 38 petits reliquaires contenant des « chefs » ou crânes dont le plus ancien porte la date de 1552 et le plus récent celle de 1863.