Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/133

Cette page a été validée par deux contributeurs.

en grandes capitales romaines sur une frise de cinquante centimètres de haut :

CEST UNE BONNE ET SAINCTE PANSÉE DE PRIER POUR LES FIDELES TREPASSES. — REQVIESCANT IN PACE : AMEN. — HODIE MIHI CRAS TIBI. — O PECHEVRS REPANTEZ VOVS ESTANTS VIVANTS CAR A NOVS MORTS IL N’EST PLVS TEMPS — PRIEZ POVR NOVS TREPASSES CAR VN DE CES IOVRS AVSSl VOVS EN SEREZ — SOIEZ EN PAIX.

Émouvante prolixité ! À la Martyre, au-dessus de la porte, deux anges proposent à nos méditations ce quatrain en vers bretons aux rimes batelées (le dernier mot du vers rimant avec un mot placé à l’intérieur du vers suivant) :

An Maro, an Barn, an ifern ien
Pa ho soing den e tle crena.
Fol eo na preder esperet,
Gwelet ez eo ret decedi.

« La Mort, le Jugement, l’Enfer glacé, — tout homme qui y songe doit trembler. — C’est folie et imprévoyance d’espérer. — du moment qu’il faut mourir. »

À trois siècles de distance, ne croirait-on pas entendre un écho attardé de la terrible parole dantesque : Lascate ogni speranza ? Pour être plus laconique, l’inscription de l’ossuaire de la Roche-Maurice n’est pas plus rassurante : sous un squelette armé d’une flèche on lit : Je vous tue tous. Le même archer symbolique, à Landivisiau, s’écrie farouchement : Or ça, je suis le parrain de celuy qui fera fin. Et, à cet accent,