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chaires à prêcher en plein vent, oratoires pour « le chemin de croix », calvaires qui déroulent sur leurs frises le drame entier de la Passion, porches ouvragés de la Renaissance, comme détachés de l’église et dont les stalles de pierre servaient jusqu’à la Révolution aux réunions des fabriques et des « assemblées syndicales à l’état de commun » !

Sous le porche de Trégastel, l’œil des notables, par une meurtrière, pouvait plonger dans l’intérieur d’un édicule en forme de rotonde où étaient, où sont encore entassés, pêle-mêle, des tibias, des fémurs, des vertèbres, des crânes. Karnel da lakat esquern an Pohl (charnier pour enfermer les ossements du populaire, lit-on, à Peneran, sur un édicule analogue.

Il s’agit bien en effet d’un charnier, d’un ossuaire, de proportions moins vastes que celui qui, à Paris même, jusqu’en 1780, alignait ses galeries à jour sur l’emplacement du square des Innocents. Et ces ossuaires, plus encore que les calvaires à personnages, les chaires en plein vent, les porches, les châteaux-d’eau, les oratoires, donnent aux cimetières bretons une physionomie d’un autre âge. Ciselés comme des châsses, dont ils reproduisent fréquemment la disposition extérieure, tantôt, comme à Lampaul, Pleyben, Braspartz, Guimiliau, Sizun, etc., ils sont indépendants de l’église et tantôt ils font corps avec elle Trégastel, Saint-Yvi, Plonéis, Guengat, Combrit) ou s’emboîtent dans le portique d’entrée Saint-Thégonnec,