Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pouvait raisonnablement assimiler à une violation de sépulture l’ouverture du cercueil de Yan’Dargent.

Qui sait lire entre les lignes sera tout de suite édifié par la déclaration du magistrat morlaisien : elle a l’ingénuité d’un aveu ; elle ramène à ses véritables proportions un fait-divers démesurément grossi par la passion anticléricale : elle n’en laisse subsister que le côté un peu macabre. Mais connaissez-vous des ouvertures de cercueil qui ne soient pas macabres ? Et, enfin, Saint-Servais est en France, mais il est surtout en Bretagne où la mort a ses traditions et ses rites qui ne sont point les traditions et les rites en usage à Pantin ou à Ménilmuche.

De fait rien ne ressemble moins à ce qu’on appelle sur les boulevards extérieurs « le champ des navets » qu’un cimetière de la campagne bretonne. Sous couleur d’hygiène, presque partout, au moins dans les villes, on a éloigné les morts des vivants : on les a relégués en de lointaines banlieues, leur voisinage infligeait de trop fortes secousses à nos nerfs de citadins et peut-être aussi qu’en consommant la séparation des deux ordres d’existence on espérait enlever au spiritualisme son meilleur argument sentimental.

Le programme ne s’est point exécuté aussi facilement en Bretagne où une séparation trop brusque n’eût pas manqué de rencontrer de grandes résistances : sans doute un certain nombre de vieux cimetières ont été désaffectés (Plestin, Plouha, Lesneven,