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On sait aussi qu’en Bretagne la suppression de l’article prénominal est très fréquente dans le langage courant ; de plus Duigou ou Le Duigou est un nom de famille très répandu dans la région trégorroise. Il « figure, dit M. Kerviler (Bio-Biographie bretonne), aux réf. de l’évêché de Tréguier au quinzième siècle avec blason d’or à trois trèfles de gueules. » De Duigon, au contraire, nulle mention chez M. Kerviler, ni dans les actes de l’état-civil. La présomption est donc en faveur de l’orthographe en u. Et, d’ailleurs, j’ai une autre raison pour adopter cette orthographe. La réimpression de Mme Michelet est, je l’ai dit, de 1886 ; or c’est en 1878 ou 1879 que M. Soisbault m’a parlé pour la première fois de Duigou. Il me dit que ce Duigou, qui tenait un petit cabinet de lecture à Tréguier, passait communément dans le peuple pour sorcier et que cette réputation avait bien pu lui venir du « commerce des masques qu’il avait inauguré dans le pays ». M. Soisbault avait connu personnellement Duigou, mais il ne connaissait point la date de sa mort. Renan place cette mort « après 1830 ». Et cela aussi est assez vague. Mais, en nous reportant à Michelet, nous voyons que le bonhomme était un ami de Le Brigant, célèbre lui-même par l’amitié qui l’unissait à La Tour d’Auvergne. Duigou, Le Brigant, La Tour d’Auvergne, passionnés tous trois de celtisme, avaient du moins ceci de commun avec le personnage des Souvenirs d’enfance que c’étaient comme lui des purs, des « patriotes » et, sinon des territoristes, certainement des jacobins. On conçoit dès lors l’espèce de réprobation qui devait peser sur le bonhomme Système. Renan, sur