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humble que soit son rang, est honoré et glorifié pardessus tous les autres, et c’est le jour de sa fête. Que l’exemple nous serve ! Puisque c’est Brizeux que nous fêtons dimanche, il n’y aura, ce jour-là, de palmes et d’hosannahs que pour Brizeux…

La conversation suivit son cours. Comme un autre convive venait de dire de Brizeux :

— C’est un poète d’anthologie.

— Vous avez raison, répliqua Renan. Son œuvre est loin d’être parfaite ; mais elle contient de beaux fragments. Brizeux, comme M. Thiers, (avec qui, du reste, c’est sa seule parenté,) fut un écrivain de transition. Sa langue en a gardé quelque trouble : elle n’est ni classique ni romantique franchement. Thiers savait bien qu’il péchait par là, lui aussi. Mais, comme on lui signalait, dans son Histoire, les corrections à faire, il s’y refusait et peut-être avait-il raison. Les corrections littéraires, quelle vanité !…

Renan n’est plus et, par une rencontre singulière, voici qu’on inaugure sa statue à Tréguier le jour même où l’on célèbre à Lorient le centenaire de la naissance de Brizeux. Deux saints à chômer à la fois, c’est peut-être beaucoup et l’illustre auteur de l’Avenir de la Science n’avait pas prévu le cas dans ses entretiens de Rosmaphamon. Il est vrai qu’il y a bien d’autres choses qu’il n’avait pas prévues, et quand ce ne serait que les accents de l’Internationale et la présence de M. Combes à l’inauguration de son monument…