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garde des migrations aryennes, assez enracinée au bout d’un siècle ou deux dans la Gaule occidentale pour lui avoir imposé sa physionomie onomastique, n’est-il donc rien demeuré que des noms de rivières, de bois et de montagnes ? Quelques globules de sang liguse et même ibère[1] ne se sont-ils pas mystérieusement conservés chez les Bretons du XXe siècle ? Tout est possible avec un peuple aussi ondoyant, aussi ethniquement insaisissable que nos Celto-Armoricains. Groupes et sous-groupes, lamentable incohérence ! Je sais bien qu’on a essayé d’introduire un peu d’ordre dans ce chaos en limitant le problème des origines et, par exemple, en distinguant les descendants des Bretons insulaires et les descendants des Celtes autochtones à demeure depuis César dans la Petite-Bretagne : ceux-là blonds, grands, aux yeux bleus (versant de la Manche) ; ceux-ci bruns, trapus, à tête ronde, au cuir ocreux, rappelant d’assez près le Kabyle (monts d’Arrhée et versant atlantique). Ces cadres sont peut-être bons en théorie. Dans l’application ils manquent d’élasticité : on n’y peut faire entrer telle peuplade, tel groupe ethnique, visiblement étrangers aux deux types et pour qui toutes les hypothèses sont permises. Dans ces Bigouden aux yeux obliques, aux pommettes saillantes, aux crins rudes et noirs, engoncées dans leurs costumes somptueux et barbares, la première comparaison qui surgit à l’esprit, n’est-ce point avec les femmes mongoles,

  1. M. de Quatrefages explique le type des Bréhatins par un mélange de sang breton et de sang basque.