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dans l’année. Qui expliquera encore le touchant symbolisme de la dévotion à Saint André ? Ce saint, qu’on invoquait contre la toux des enfants, avait une chapelle à l’île Canton, en Pleumeur-Bodou, et qui datait du temps que l’île était rattachée à la terre ferme avec le reste de l’archipel : la chapelle s’étant effondrée, on transporta la statue du saint dans une autre église du littoral ; mais il restait une croix dans l’île. On continua d’y honorer le saint de la façon suivante : quand un enfant était atteint de coqueluche, on chargeait un pauvre de se rendre chez trois veuves de la paroisse et de quêter chez chacune un morceau de pain. Après quoi, le « pèlerin par procuration » se rendait à l’île et déposait sur le socle du calvaire les trois morceaux de pain en récitant trois pater et trois ave[1]. L’oppression du petit malade diminuait aussitôt, quand elle ne cessait pas sur l’instant.

Il y a du reste, en Bretagne, autant de façons d’honorer les saints qu’il y a de saints eux-mêmes. Celui-ci (saint Yvertin ; sainte Mamère) est sensible à l’hommage d’une couronne ou d’une ceinture de petits cierges dont on s’est préalablement entouré la tête ou le ventre ; cet autre (sainte Avoye) préfère une poule blanche ou un agneau tacheté (saint Jean) ; au troisième (saint Sauveur), qui ouvre dès le seuil son large prébendaire, une mesure de froment ou de millet siéra mieux. À saint Efflam, qui guérit les furoncles, on apporte une poignée de clous ; à saint Majau et à saint

  1. J’ai relevé une coutume analogue à Ile de Sein. Cf. Sur la Côte.