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calendrier, en un petit corps formé ; et l’ayant fait voir à quelques-uns de mes amis curieux, ils me conseillèrent de le faire imprimer et mesme m’en firent presser par gens de qualité relevée et qui avoient pouvoir sur moy. »

Ce « petit corps formé », pour employer l’expression naïve du P. Albert, parut par cahiers, à Nantes, de 1634 à 1636, chez Pierre Doriou. Il ne faisait pas moins d’un volume in-4o de 795 pages et s’ouvrait sur une dédicace à « Messeigneurs des Estats de Bretagne », lesquels en témoignèrent leur satisfaction au couvent du P. Albert par le don d’une bourse de mille livres en or. L’ouvrage n’eut pas moins de succès près du public[1] ; quelques années suffirent pour en épuiser l’édition et le P. Albert dut songer à en préparer une seconde. Il y travaillait, quand la mort le surprit aux environs de l’année 1644. Le P. Albert avait fait paraître dans l’intervalle (1640) une Vie de saint Budoc,

  1. Succès dont témoigne le nombre considérable de dédicaces, épigrammes, anagrammes, etc., tant latines que françaises, qui accueillirent le livre du P. Albert et dont je retiens la suivante qui a de la couleur et du trait :

    Dessous le chevet de son lit,
    Alexandre, dormant la nuit,
    Du poète grec avoit le livre ;
    Charlemagne, sachant mieux vivre,
    Prisoit surtout saint Augustin ;
    Mais la nuit, le soir, le matin,
    J’aymeroy plus qu’aucune chose,
    La perle de Bretagne enclose
    Au champ des Saints que va t’offrant
    Le subtil Père Albert Le Grand.