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cette vague et lointaine bienheureuse du propre de Ploujean, sainte Housdebede, que l’amiral Fleuriot de Langle identifiait sans plus de façon avec Usopati, l’amant de l’Aurore des mythes hindous, ni saint Herbot, saint Beuzec, saint Tudi, saint Cornély, chantés par Brizeux, ni saint Jorhand, saint Envel et saint Pever, que Sigismond Ropartz et l’abbé de Garaby tirèrent de l’ombre où ils descendaient, ni davantage la plupart des saints et saintes qui figurent au calendrier breton de M. René Kerviler, n’ont pu trouver place dans le livre du P. Albert. Et que d’autres bienheureux encore, dont les oratoires et les chapelles fleurissent par milliers la terre de Bretagne : sainte Cérotte, sainte Achée, sainte Lallac, sainte Landouenne, sainte Tugdonie, sainte Tinevel, saint Ciferian, saint Yvi, saint Mieu, saint Lévias, saint Maudan, saint Congar, saint Biabile, saint Gorbase, saint Launeuc, saint Bergat, saint Raven, saint Langui, saint Ourzal, saint Iguinou, saint Vellé, saint Isis, saint Idunet, etc., et dont le P. Albert n’a point traité ou qu’il n’a fait que nommer en passant ! Son livre est moins une histoire des saints bretons qu’un choix des vies de ces saints.

Mais, si incomplet et confus par endroits, que ce livre a de charme encore ! Il n’en est point de son genre qui lui soit comparable et c’est aussi bien que l’onction, la naïveté et la grâce du narrateur sont choses presque uniques pour le temps. Je ne vois que saint François de Sales qui puisse être rapproché du P. Albert Le Grand. C’est, en plein XVIIe siècle, la même langue légèrement et délicieusement archaïque,