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dance tout ensemble et aussi parce qu’ils sont antérieurs pour la plupart au XVIIe siècle et que la papauté ne s’était point encore prévalue de son droit exclusif à prononcer les canonisations[1]. Les évêques y prétendaient et en usaient fort librement jusque-là. Le peuple, au besoin, leur forçait la main : Vox populi, vox Dei. En fait, de tous les saints bretons, il n’y a guère que trois : saint Yves, saint Vincent et saint Guillaume dont les papiers soient complètement en règle, la canonisation régulière et valable. Albert Le Grand le reconnaissait quand il disait, à propos de leurs confrères, que les noms de « plusieurs d’iceux, bien qu’escrits au livre de Vie, ne se trouvent dans nos martyrologes et calendriers ». Ils ne se trouvent même pas tous dans son propre recueil, malgré l’ampleur qu’il lui donna et quoique Missirien, dans la seconde édition, l’ait renforcé des vies de saint Béat, de saint Colomban, de saint Marconi, de sainte Osmane, de saint Paterne, de saint René, de saint Secondel, de saint Hélier, du B. F. Jean, de saint Samson et de saint Bieuzy. Une troisième édition s’enrichit de cinq nouvelles notices sur saint Guingaloc, saint Jacut, le B. Robert d’Arbrissel, le B. Pierre Quintin et Mgr de Queriolet. Mais ni cet énigmatique saint Utel dont l’abbé Piéderrière n’a pu déchiffrer qu’imparfaitement la biographie, ni

  1. L’Église, en effet, ne s’est réservé le canon qu’en 1634, « approuvant d’une manière générale, dit Luzel, l’invocation des patrons déjà honorés d’un culte public et autorisé par les évêques plus d’un an avant cette date. »