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des premières danses de l’époque et dont Eutrapel, renchérissant sur l’éloge, disait qu’elle était « trois fois plus magistrale et gaillarde que nulle autre ». Là où le clergé, par un rigorisme excessif, a jeté l’anathème sur les danses, ce n’est point la morale qui y a gagné, mais l’auberge. Pourquoi ne pas les prendre comme ils sont venus jusqu’à nous, comme les ont lentement façonnés les siècles, ces beaux pardons de Bretagne qui durent quelquefois quatre jours comme celui de Saint-Mathurin, une octave comme celui de Saint-Cornély, trois mois pleins comme celui de Sainte-Anne-d’Auray ? Mais les plus humbles fêtes de la race ont tout au moins un lendemain, l’ad-pardon, le « retour » de pardon. Et, pour le dire en terminant, ce sont encore ces petits pardons de Bretagne qui conservent peut-être la figure la plus originale : on ne les connaît point ; les touristes, sur les indications de leurs guides, se portent de préférence vers les grandes panégyries. Ici, au contraire, on est entre Bretons et entre Bretons seulement : condition nécessaire pour que la race, une des plus ombrageuses qui soient, se livre tout entière et sans réserve. Nous avons tâché de l’y surprendre.