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aux mêmes sources des formes de la dévotion celto-armoricaine. Combien touchants à mes yeux les pèlerinages de ces poètes qui s’en vont par les sentes obliques de Bretagne, le long des grèves tumultueuses et sous le recueillement des étoiles, frappant de leur bâton blanc aux portes des oratoires et des chapelles, s’inclinant sous l’initiation et baisant dans la poussière le lumineux sillage de leurs vieux saints nationaux ! Certes il dit vrai, Le Braz, et, si l’âme fleurie des pardons de Bretagne doit se faner un jour, ceux qui l’ont aimée comme lui sont assurés d’en retrouver le parfum aux pages attendries et graves de son livre. Nul et dans une langue plus belle depuis les Mémoires d’Outre-Tombe et les Souvenirs d’enfance et de jeunesse n’a mieux enclos les vaporeux contours de cette âme, épreint ses sucs mystérieux : elle est là toute et on l’y peut toute respirer.


II


Mais est-il vrai que cette âme soit près de mourir ? Nous accordons trop à la mélancolie des choses et, parce que nous savons qu’elles ne sont point éternelles, nous ne pouvons les voir une fois sans penser qu’il viendra un jour où elles ne seront plus. J’espère que ce jour est loin encore pour la Bretagne. Si la physionomie de quelques pardons tend à se modifier, si les somnambules, les hommes-troncs, les mar-