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nous a décrit que ceux de Saint-Yves, de Saint-Gwénolé, de Loc-Ronan et de Sainte-Anne-de-la-Palud. Yves, Gwénolé, Renan et Anne sont les quatre grands saints de la Bretagne et leurs panégyries annuelles attirent les pèlerins par milliers. On dit qu’il faut avoir entendu la messe, une fois au moins dans sa vie, à l’un ou l’autre des sanctuaires de ces quatre bienheureux sous peine d’encourir la damnation éternelle[1]. Le Braz n’a pas voulu risquer une extrémité si fâcheuse : il a visité les quatre sanctuaires, et les quatre « épisodes distincts » qu’il en a rapportés lui ont fourni la matière de son livre. Violeau déjà et, plus près de nous, Louis Tiercelin, s’étaient enquis

  1. Cette croyance s’est bien affaiblie d’ailleurs, comme celle en l’efficacité du Tro-Breiz (tour de Bretagne), que le chanoine Le Barbier, curé-doyen de Saint-Palern (Vannes) a essayé de galvaniser récemment par l’érection d’un monument à l’endroit où, d’après la tradition, était placée la 7e station du pèlerinage. « On y voit, dit M. Le Barbier, les sept saints de Bretagne, les sept fondateurs des évêchés bretons, dont nos ancêtres aimaient à visiter jadis les tombeaux vénérés. On allait en ce temps-là de Saint-Corentin-de-Quimper à Saint-Pol-de-Leon, à Saint-Tugdual-de-Tréguier, à Saint-Brieuc, à Saint-Malo, à Saint-Samson-de-Dol, à Saint-Patern-de-Vannes, faisant à pied et en priant le Tour de la Bretagne, Tro-Breiz. Pèlerinage essentiellement national où les vieux Bretons oubliaient pour une fois le caractère éminemment pratique de leurs invocations aux saints ; ils ne sollicitaient ici aucun secours ; ils voulaient seulement faire visite, une fois dans la vie, aux tombeaux de leurs Pères et vénérer les véritables chefs de leur nationalité. Le peuple les appelait les Sept Frères, et ce nom très significatif dans le langage populaire marquait bien l’unité de la race et l’union des sept diocèses. »