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d’Albe affirme que « cet essai de désanglicisation, secondé par un vivant esprit national, marche en Irlande d’une allure faite pour étonner quiconque ignore l’influence supérieure qu’exercent sur le tempérament irlandais des idées puissantes, surtout si elles sont en apparence impraticables. »

Il serait à souhaiter, pour qu’on pût contrôler ces affirmations enthousiastes, qu’une statistique vraiment précise des personnes parlant actuellement le gaélique fût dressée d’abord par la Ligue.[1] À l’estimation de M. Ravenstein, l’Irlande comptait il y a quelques années 817 574 personnes parlant le gaélique, dont 403 560 ne parlant et ne comprenant que cette langue. Mais, d’après la statistique publiée par M. David Fagan dans l’Irish Daily Independent du 28 mars 1894, il faudrait ramener ces chiffres à

  1. On trouvera les éléments de cette statistique dans un magistral article de M. Louis Paul-Dubois : le Recueillement de l’Irlande (Revue des Deux Mondes du 15 avril 1902). Nous y renvoyons le lecteur soucieux de constater par des chiffres et par des faits les extraordinaires résultats obtenus par la Ligue gaélique. M. Paul-Dubois a raison de distinguer le mouvement gaélique du mouvement panceltique et nous-même n’avions pas confondu les deux mouvements. Mais, dans chacune des grandes familles celtiques que nous avons étudiées, nous nous sommes attaché à relever tout ce qui portait le caractère d’un effort, d’un travail de reconstitution. Cet effort, ce travail, qu’il procède ou non d’une même pensée directrice, éclate aussi bien en Galles qu’en Écosse, en Irlande qu’en Bretagne. Et, qu’il se coordonne ou qu’il reste dissocié, il n’en présente pas moins tous les signes d’un mouvement général. Or c’est ce mouvement général que nous avons appelé le panceltisme.