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Ce n’est pas le lieu de retracer les épisodes de cette grande lutte parlementaire qui va de 1870 à 1890, et qui aurait peut-être porté ses pleins effets sans les lamentables divisions, la funeste rivalité des membres de la représentation irlandaise. Mais déjà O’Connell et Isaac Bute avaient obtenu l’éligibilité des catholiques au Parlement, puis leur libre accès aux fonctions militaires et civiles, enfin la séparation de l’Église épiscopale et de l’État, sans compter ce bill du Tenant right (1870) qui donna d’abord de si grandes espérances et qui obligeait les propriétaires irlandais à payer une indemnité aux fermiers expulsés et à leur rembourser le montant des améliorations effectuées par eux sur les domaines[1]. Pour la plupart de ces réformes, la représentation irlandaise trouva un appui dans le parti libéral anglais. On sait assez que Gladstone voulait plus et que le premier article de son programme de 1886 comportait l’adoption d’un home-rule irlandais qui donnait satisfaction aux vœux immédiats du pays et tranchait tout à la fois la question politique et la question agraire, la première par l’établissement à Dublin d’un Parlement dirigeant les affaires proprement irlandaises ; la seconde par un bill qui autorisait l’État à se rendre acquéreur du sol pour le rétrocéder aux fermiers, lesquels se fussent libérés envers lui par des payements échelonnés. Cette opération gigantesque ne devait pas coûter moins de

  1. Ce bill n’eut que des résultats désastreux, les propriétaires s’opposant à toute amélioration dans les exploitations agricoles, de peur d’être obligés à remboursement.