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portés d’un culte à l’autre tenait uniquement à ce que le catholicisme, dans ses représentants officiels, dans ses évêques et ses recteurs, n’avait rien eu de national. À vrai dire, on ne choisissait le haut clergé catholique que sous ces conditions ; on le voulait si exclusivement anglais que défense lui était faite de s’exprimer en gallois. Par surcroît, ce haut clergé n’était point soumis à l’obligation de la résidence, et c’est à Londres et dans les grandes villes de l’intérieur qu’il dépensait le revenu des abbayes et le produit des dîmes[1]. Le taux de ces dîmes était exorbitant. Un petit clergé pauvre, quelques moines, des frères prêcheurs, faisaient le seul lien spirituel entre la population et son Église : ce bas clergé, gallois d’origine, fut l’élément actif de la réforme. La sourde agitation qu’il entretenait dans les esprits les préparait insensiblement à une rupture : le moment venu, la principauté se détacha du catholicisme aussi naturellement qu’un fruit mûr de sa branche. Mais si les Gallois avaient cru qu’en changeant d’Église ils chang-

  1. La protestation adressée au Pape, sous Henri III, par le prince régnant de Galles, met en pleine valeur les griefs de la population. « Et tout d’abord nous nous plaignons que l’archevêque de Canterbury envoie à la tête de nos diocèses des évêques anglais, ignorants de notre langue et de nos usages et ne pouvant, en conséquence, prêcher et confesser qu’au moyen de truchement… Ce n’est pas tout. Les prêtres n’éprouvent pour notre patrie que des sentiments d’éloignement, presque de haine. Ils se désintéressent du salut de nos âmes et n’ont au cœur d’autre ambition que celle de nous damner. Trop rarement ils daignent accomplir parmi nous les devoirs de leur ministère… etc. »