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observés. Sur les bruyères des glens, dans les flottantes écharpes de la brume marine, d’étranges formes se meuvent : fées onduleuses, fantômes et farfadets[1]. Les bagpipes déchirent l’air comme autrefois sur les pentes du Ben-Nevis, autour des lochs de Kincardine et d’Argyll ; la langue enfin, ce dernier palladium des nationalités agonisantes, est encore parlée et comprise par 250 000 Highlanders[2].

C’est à réveiller cette langue, à l’épurer et à l’étendre, que s’est voué le patriotisme écossais. Comme toujours, le mouvement est parti de la classe lettrée, et spécialement des membres de la Société gaélique d’Inverness, l’un des boroughs de l’Unionisme. Cette société, fondée en 1871, a peu à peu élargi son cercle ; on l’a vue qui d’académique se faisait insensiblement populaire et descendait aux plus infimes détails de l’éducation nationale. Son action se marquait dès 1874 par des dons en argent et en livres aux instituteurs qui consentaient à se charger d’un cours de gaélique dans les écoles des Highlands. En 1877, la Société obtenait que ces cours devinssent officiels partout où les School Boards le décideraient.

  1. Cf. Rév. Walter Gregor : An Echo of olden time from the North of Scotland (1879)
  2. 250 000, d’après la carte de M. Fournier d’Albe ; 242 207 dans les Highlands seuls, d’après M. Ravenstein, auxquels il faudrait ajouter 58 146 dans les autres comtés, 301 en Irlande, 8 000 en Angleterre et en Galles, soit, au total 309 254. Sur ce chiffre, 48 813 parleraient et comprendraient seulement le gaélique ; 260 381 parleraient et comprendraient le gaélique et l’anglais.