Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/36

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LES PARDONS


Les pardons !…

Il y aurait à composer, avec les fêtes de notre bon pays de France, le plus joli volume du monde ; ce serait comme de la psychologie en images. Michelet disait qu’il n’avait bien vu la Flandre qu’à travers ses kermesses : je pense qu’un livre où défileraient à la suite les félibrées provençales, les vogues de la Bresse, les passées de Normandie, les ducasses de l’Artois et les pardons de Basse-Bretagne nous serait aussi précieux sur ces provinces que les monographies les mieux renseignées. L’âme populaire n’a pour s’exprimer que ses deuils ou ses fêtes, mais elle s’y donne dans sa franchise et on l’y peut connaître tout entière. Je le rêve, ce livre de « gaie science », une collaboration de subtils et gentils esprits, où Theuriet dirait la Lorraine, Vicaire la Bresse, Maurras la Provence, Audiat la Saintonge, Pouvillon le Quercy, Ajalbert l’Auvergne, Barracand le Dauphiné, Gausseron le Poitou, Frémine la Normandie, et où la Bretagne, assurément, se ferait représenter par Anatole Le Braz.

Il a déjà pris les devants ces temps-cî. Le Braz, avec un livre qui ferait sans doute un chapitre un peu gros de celui que je signale aux méditations estivales de nos éditeurs, mais qui est bien le plus savant et le plus émouvant livre de son espèce : Au pays des pardons. Ce mot de « pardon » n’est point très cou-