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naire ou presque. Un mouvement se dessine néanmoins chez les Manx en faveur de la rénovation de la langue ; mais ce mouvement est de date toute récente. Les excellents travaux de Kelly et de Douglas, les romans de Hall Gaine l’avaient préparé. « Il y a six mois, dit M. Fournier d’Albe, une des premières autorités littéraires du pays écrivait : « Le manx se meurt sans espoir. » Trois mois seulement se sont écoulés depuis que la vague celtique est venue jusqu’aux rivages d’Ellan Vannin, et nous avons aujourd’hui une section manx du Guild Festival annuel, une société pour la préservation du langage manx, un alphabet manx pour la presse, des services en manx dans les chapelles, des colonnes écrites en manx dans les journaux, des classes de manx à Douglas et un éloquent orateur manx à la Chambre des Clefs ! Qui osera dire après cela qu’il y a quelque chose d’impossible dans la voie des résurrections celtiques ? »


II


J’ai transcrit ces lignes sans les commenter. Une belle ferveur les soulève ; mais le « miracle celtique » ne se comprendrait point sans cette poussée d’illuminisme qui, dans l’espèce, ne se communique point seulement au verbe et dont la réfraction transfigure à certaines heures jusqu’aux visages des initiés. Ils nous apparaissent, à ces heures-là, comme dans une brume dorée qui leur donne un recul et un vague prodigieux. Pour extraordinaire qu’il semble, j’ai