Cette cour est souveraine. Ses décisions sont promulguées, comme autrefois, en vieux manx, devant le peuple, sur la colline sacrée de Tynwald ; il suffit que le gouvernement anglais leur ait donné sa sanction. Les vingt-quatre députés qui font partie de la House of Keys sont élus par les propriétaires et les tenanciers de l’île, — sans distinction de sexe (depuis 1880).
On voit que le home-rule, si obstinément poursuivi par l’Irlande et le pays de Galles et que commence à solliciter aussi la basse-Écosse, est une réalité déjà ancienne chez les Manx. Fort jaloux de ses privilèges et des souvenirs de son passé national, on concevrait mal pourtant que cet original petit peuple, qui a su obtenir pour son Église des canons à part et qui montre avec orgueil les nombreux monuments druidiques et runiques qui hérissent ses âpres promontoires, n’ait pas témoigné pour sa langue un respect plus attentif. Cette langue, qui dérive, comme l’écossais et le gallois, de la branche irlandaise, est parlée seulement par 5 ou 6 000 habitants[1]. Mais il faut tenir compte que l’île a reçu en ce siècle un nombre considérable d’émigrants anglais (au point qu’on l’a pu appeler ironiquement l’île de Man…chester), tandis que la population indigène demeurait station-
- ↑ Je prends une moyenne. Le chiffre donné par M. Ravenstein est beaucoup plus élevé : 12 345. Sur ces 12 345 Manx parlant le gaélique, 190 seulement parleraient et comprendraient le seul gaélique ; le reste parlerait et comprendrait le gaélique et l’anglais. Mais, sur la carte dressée par M. Fournier d’Albe, le chiffre a singulièrement baissé : il n’est plus que de 3 000 habitants parlant le gaélique.