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tude qui m’effrayait moi-même. Je ne dis cela qu’à vous. Peut-être ai-je eu tort de jouer avec la publicité[1] ; cependant jusqu’ici je n’ai pas à m’en repentir. Cela m’a un peu compromis avec le centre gauche et fâché net avec M. Cousin, mais la gauche en est fort embarrassée, à cause de son Cormenin… Vous me parlez toujours de Lannion comme d’un collège où je me représenterai, mon cher ami ; cependant, je crois que, quand on a choisi Tassel, on ne peut guère le quitter que pour Le Gorrec. Il est difficile que de Paris on influe sur vos électeurs. J’aurai toujours contre moi d’avoir été l’adversaire de Cormenin — et peut-être d’avoir un peu de talent. Cependant je me suis lié intimement depuis ma candidature avec un député influent, et j’ai aussi une ressource dans M. Baroche, qui vient d’entrer à la Chambre et qui est mon cousin, comme vous le savez probablement. Je voudrais espérer, ne fût-ce que pour avoir une raison de durer. Car, mon cher Robert, vous parlez de votre mélancolie : je doute bien qu’elle égale la mienne, et qu’elle ait d’aussi justes, c’est-à-dire d’aussi tristes causes… »

L’instant était cependant plus rapproché que ne le pensait Jules Simon où le collège électoral de Lannion allait lui donner sa revanche. Quelques jours

  1. Il avait fondé avec Amédée Jacques la Liberté de penser, dont les principaux rédacteurs étaient Bersot, Eugène Despois, Cucheval-Clarigny, Émile Deschanel, et où Ernest Renan publia ses premiers articles sur l’origine du langage et le Cosmos de Humboldt.