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qui datait de 1615 et que surmontait un campanile servant de beffroi communal. C’est là qu’on votait. Un escalier en bois à double révolution conduisait à la salle du vote, et sur le palier se tenait l’abbé, qui arrêtait au passage tous les électeurs de la campagne…

— Pour qui votes-tu, toi ?

— Je ne sais pas.

— Tu ne sais pas ? Ça veut dire que tu votes pour Jules Simon.

— Peut-être.

— Mais c’est un menteur, ton Jules Simon.

— Ah !

— Est-ce qu’il ne t’a pas dit qu’il était Breton ?

— Si fait.

— Eh bien, ce n’est pas vrai ; il est de Lorient,

« Cette manœuvre géographique, disait plus tard Jules Simon, m’a coûté pas mal de voix. » Ajoutées à celles qu’avait détachées Barthélémy Saint-Hilaire, elles assurèrent le succès d’Yves Tassel. Jules Simon rentra à Paris avec « un grand fonds de tristesse ». Il se remit à l’étude presque aussitôt, mais il garda longtemps l’amertume de son échec. Plus d’un an après, à la veille de la révolution de février, il écrivait à son fidèle correspondant, M. Robert :

« Quand je serais un peu maussade et exigeant en ce moment, mon cher ami, il faudrait me le pardonner, car vraiment je suis plus malheureux depuis un an qu’il n’est permis de l’être, quand on n’a rien fait pour cela… Je me suis mis à faire mon journal pour m’occuper et me distraire principalement, car j’étais envahi par une sorte de dégoût de la vie et de lassi-