Il ne voudrait cependant recommander que des gens qui le méritent. Il peut surtout obliger des jeunes gens, s’ils sont rangés et laborieux :
« Je puis recommander un candidat pour les grades universitaires à Rennes ou à Paris. Je puis aider un membre de l’Université à se faire rendre justice. Je puis l’aider de mes conseils dans les concours, lui en faire savoir les résultats avant le public, etc. Je puis quelque chose dans la presse. Au ministère, je ne suis bon qu’à deux choses : faire arriver les choses sous les yeux du ministre et savoir ce qui se passe dans les bureaux. »
Services assez faibles, comme on voit. Du moins ce candidat n’en faisait pas accroire à ses électeurs. De quelle façon il tint ses promesses, quand il fut élu, deux ans plus tard, à l’Assemblée constituante de 1848, il l’a raconté lui-même avec sa bonhomie spirituelle. Dès que ses collègues apprirent qu’il était professeur à la Sorbonne, ils ne lui laissèrent point de répit qu’il n’eût recommandé aux examens les jeunes gens auxquels ils s’intéressaient : « Je n’étais pas un homme de grand caractère, dit-il ; je commençais toujours par refuser et je finissais toujours par accorder. De sorte que, dans l’espace d’une année, je recommandai tous les fils et tous les neveux de mes huit cent quatre-vingt-dix-neuf collègues et les fils des électeurs influents de Paris et de la province. » Il signait, paraît-il, de vingt à trente lettres de recommandation par jour ; mais il convient de faire avec Jules Simon, qui était poète et Breton, la part de l’hyperbole. Toujours est il que M. Damiron, son ancien