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DE JULES SIMON

terait pas qu’il peut s’agir pour lui d’une candidature à Lannion. À défaut du général Thiard, on parle en ce moment de la candidature possible de M. Plougoulm, premier président à la cour de Rennes, et de celle d’un journaliste libéral, fort répandu « en matière de chemins de fer et de canaux », M. Pètetin. Cette dernière candidature n’est pas sans danger, et Jules Simon s’en explique avec franchise :

« M. Pétetin ne m’est pas connu personnellement, mais je sais à merveille qui il est. Il doit avoir sept ou huit ans de plus que moi. Je le crois honnête homme, à peu près dans nos opinions. Il n’est pas sans talent comme écrivain. Il aurait sur moi quelques avantages en cas de compétition : l’un, c’est qu’il est journaliste depuis quinze ans et serait certainement prôné par les journaux ; l’autre, que les matières dont il s’occupe sont plus à la portée de tout le monde. »

Quant à lui, ses chances actuelles sont assez restreintes. Cependant, par M. de Rémusal, qui possède la confiance de M. Thiers, il pourrait compter sur l’appui du centre gauche. Il a aussi cet avantage sur M. Pétetin, lequel est Lyonnais, d’être Breton, né à Lorient, et d’avoir toute sa famille dans les Côtes-du-Nord, à Uzel. Enfin il l’emporte peut-être en réputation sur M. Pétetin, tout en concédant qu’il soit douteux que la réputation entre pour quelque chose dans ses chances, « attendu qu’elle ne s’adresse guère qu’aux philosophes et qu’elle est plus grande (si on peut parler de grand à propos de ce qui est petit) en Allemagne qu’en France ». La modestie n’étant point céans à sa place, il ne se fait pas faute d’avouer