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LES DÉBUTS POLITIQUES
DE JULES SIMON

D’APRÈS UNE CORRESPONDANCE INÉDITE




Les véritables débuts politiques de Jules Simon datent de 1846. Il avait à cette époque trente et un ans. Il était titulaire de philosophie et d’histoire à l’École normale et suppléant de Victor Cousin à la Sorbonne. Il s’était présenté trois ans auparavant à l’institut et n’avait échoué que de quelques voix. Il avait publié en 1844 son premier ouvrage sur l’École d’Alexandrie, qui avait paru d’abord dans la Revue des Deux Mondes. Collaborateur de cette revue, il y avait parlé assez librement de Lamennais et de Cormenin, ce qui l’avait rendu quelque peu suspect au parti avancé. Sa réputation, en somme, ne franchissait pas un petit cercle d’auditeurs, de professeurs et d’élèves ; mais ceux qui le connaissaient ne doutaient point qu’il y eût dans ce jeune homme éloquent, enveloppant et disert, un maître prochain de la tribune, et, pour le moins, l’équivalent d’un Guizot ou d’un Thiers. La correspondance qu’il entretint à cette époque avec M. Robert, principal du collège de Lannion, — correspondance restée inédite jusqu’ici et dont je dois communication à l’obligeance de M. René