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tira pas trop mal d’affaire, car le jury lui donna 19 sur 20 et le classa premier parmi tous les candidats de France.

Paul Henry sortit du Borda en juillet 1895 et fut nommé aspirant le 1er août. L’avis de sa nomination le convoquait, deux mois plus tard, pour embarquer à Brest, sur l’Iphigénie, bâtiment servant d’écolo d’application. Le 10 octobre, l’Iphigénie appareillait pour sa campagne autour du monde.

« Jour mémorable entre tous, écrivait le nouvel aspirant, celui de ma première campagne ! Toute la matinée, nous sommes un peu enfiévrés ; nous avons bien mangé, bien chanté ; c’est nécessaire avant d’affronter le terrible mal de mer ».

Et le voici à Porto-Santo, à Funchal, à la Martinique. Son journal, d’une plume facile, relève tous les menus et gros incidents du bord, les surprises des escales, les joies des descentes à terre, croque un paysage des tropiques, campe en trois traits un personnage officiel, une señorita, un groupe d’Arbicots. Il a de la verve, ce petit aspirant, un style sans grande saillie, mais net et frais au possible. La jolie âme, fraîche et blanche aussi, qu’on devine par dessous ! L’Iphigénie, rentre à Brest le 31 juillet 1896. Le 10 août, Paul Henry est nommé aspirant de première classe. C’est en cette qualité qu’il va faire la campagne de Crète, où commence proprement son journal d’officier et où il se fait si bien noter de ses chefs que l’amiral Pottier, en lui annonçant sa promotion au grade d’enseigne, lui adresse ce compliment peu banal :