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naires, une imprimerie, un dispensaire, un orphelinat, des écoles et des bâtiments de service. Dix-huit cents femmes et enfants et un millier de catéchumènes chinois y avaient cherché asile contre les Boxers. Il y avait en outre, au Pé-Tang, Mgr Favier et son coadjuteur, un grand nombre de prêtres, de frères et de sœurs de charité, enfin cinq cents enfants des écoles, des orphelinats et de la crèche, au total plus de 3.400 personnes, dont 60 Européens.

Pour protéger tant de monde, et sur un front de défense si considérable, M. Pichon n’avait pu détacher du contingent qui gardait la légation française que trente marins, commandés par l’enseigne Paul Henry, auxquels vinrent se joindre, le 5 juin 1900, onze marins italiens, commandés par l’aspirant Olivieri.

La première attaque des Boxers est du 15 juin ; mais déjà le Pé-Tang était assiégé par leurs troupes et toutes communications coupées. On connaît la belle attitude de nos marins, l’habile défense et la mort, sans tapage, si simple et si élégante tout ensemble, de l’enseigne Paul Henry. Mais, en dehors de cette défense et de cette mort, on ignorait à peu près tout du jeune Français de vingt-trois ans qui déploya, dans une conjoncture si difficile, un si précoce esprit d’initiative, de telles qualités d’organisateur, un sang-froid et un courage qui ne se démentirent pas un seul instant. Le journal intime de Paul Henry vient de paraître. Il ne pouvait mieux prendre son heure. Comme dit M. René Bazin, qui le présente au public dans une préface pleine de cette gravité attendrie, de