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chelan, juge de paix à Plouaret, tentèrent de renouer la tradition en faisant jouer à Morlaix le Mystère de sainte Tréphine. Une compagnie d’acteurs paysans s’était nouvellement formée à Plouaret, sous la direction d’un tailleur nommé Mainguy ; ce fut à elle qu’ils s’adressèrent. L’échec fut complet. On pouvait craindre qu’il ne décourageât d’autres tentatives, et le théâtre breton semblait définitivement entré dans l’histoire, quand quelques cultivateurs d’une commune voisine de Morlaix, Ploujean, s’associèrent à des employés de la ville pour former une nouvelle troupe. Ils eurent la bonne fortune d’être aidés par un maire avisé, M. Émile Cloarec, qui disposa pour eux à Troudoustain, faubourg de Morlaix, une petite salle où ils jouaient le dimanche des pièces réduites de l’ancien répertoire et, de préférence, la Vie des quatre fils Aymon. Cette troupe, où l’élément campagnard était en majorité, présentait, à défaut de talent, des qualités de foi profonde et de réalisme vivace ; qu’il nous fut donné d’apprécier. Mis en rapport avec leur chef, Thomas Parc, nous songeâmes, Le Braz et moi, à utiliser sur une vraie scène, dans le décor traditionnel de la place publique, des qualités qui ne demandaient qu’à s’employer pour le plus grand honneur des lettres bretonnes[1]. Le choix de la

  1. De généreux souscripteurs, au premier rang desquels M. James de Kerjégu. M. Audren de Kerdrel, le cardinal Richard, M. Charles Pitet, etc., s’intéressèrent à notre entreprise. Qu’il nous soit permis de les remercier ici, ainsi que Mmme Mosher, la toute gracieuse « Américaine bretonnante », et Mmme Webb, qui, par les prix qu’elles ont fondés pour récompenser les meilleures