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Jésus en échange, Chrétiens,
Vous accordera pour soutiens
Trois garçons à mine prospère :
L’un sera pape et l’autre roi,
Et, quant au troisième, je croi
Qu’à défaut de galons d’orfroi
Il aura les yeux de son père.

Certains détails du gwerz peuvent sembler bizarres. Que veulent dire ces pépins et ces noyaux ? Est-ce le symbole de la germination prochaine ou tout simplement une allusion à ce petit jeu de société qui consiste à remuer dans une main fermée un noyau ou un pépin pour savoir de quel côté penche le cœur d’un jeune homme ou d’une jeune fille ? Noël, d’ailleurs, abonde en divertissements et en plaisirs de toutes sortes. Après les mendiants-chanteurs, voici les petits pèlerins. Une baguette de saule écorcée aux doigts, ils frappent à la porte pour réclamer leur kuignaouank :

Kuignaouik a kuignaouank,
Leiz ma sac’h a bara !
   Kuign ! Kuign !
Man ma sac’h e pign !

Ce qui veut dire ou à peu près : « Ma part, ma bonne part ! Plein mon sac de pain ! Des cuigns ! des cuigns ! Mon sac est pendu ici. » Et, de fait, leur sac ne tarde pas à s’emplir, non de pain seulement, mais encore de ces cuigns appétissants, galettes rondes et dures de fine farine, de beurre et de raisins secs, qui sont la friandise de Noël. Ces gâteaux noëlesques, je le confesse tout bas, ne sont point une spécialité ar-