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gwertz qu’ils psalmodient avant de gratter à l’huis. J’ai essayé, jadis, de fondre ensemble deux ou trois de ces cantiques, en les ornant de rimes plus millionnaires peut-être qu’il n’était nécessaire, mais en tâchant de leur conserver du moins cette fleur de naïveté qu’on ne trouve qu’aux compositions populaires :

Salut et joie à ceux d’ici !
Congédiez votre souci,
Maîtres, serviteurs et servantes.
Femmes, c’est assez de travaux :
Pendez au mur les échevaux
De laine et de chanvre nouveaux ;
Arrêtez-vous, ô mains savantes !

Jésus est né ! Jésus est né !
Ô jour à jamais fortuné !
Chrétiens, en ce jour délectable,
Est-il quelqu’un, prince ou manant,
Qui ne tressaille en apprenant
Que l’Homme-Dieu, minuit sonnant,
Est descendu dans une étable ?

Nous sommes pauvres comme lui ;
Mais sur nous son étoile a lui,
Si douce qu’il n’en faut plus d’autres !
Nos houseaux sont tout décousus.
Ah ! que de maux nous avons eus !
Mais c’est parmi nous que Jésus
Élira demain ses apôtres.

Chrétiens de l’Arvor, bonnes gens,
Il faut aider les indigents.
Nous ne demandons pas grand’chose :
Un peu de lard, un peu de pain,
Trois noyaux avec un pépin,
Et, pour fleurir notre aubépin,
Un bout de ruban vert ou rose.