Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/254

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une façon de colporteur céleste, de messager aérien glissant sur les toits avec sa hotte bourrée de jouets et de bonbons, une hotte magique qui se remplit à mesure qu’elle se vide par le tuyau des cheminées.

Mais l’Alsace ne lui a fourni que ses bretelles et son panier : Noël est vieux comme le monde. Chez les Celtes, nos pères, sa fête s’appelait Goël-ann-Heol, la Soleillée, parce que le 25 décembre coïncide avec le solstice d’hiver qui marque la renaissance des jours, la reprise de la germination. Sol novus, qu’on retrouve dans l’office de Noël, n’est que la traduction de Goël-ann-Heol. Et les cantiques populaires consacrent cette étymologie :

Allons sans plus attendre
Voir Dieu dans son berceau ;
Hâtons-nous de nous rendre
Près du soleil nouveau… »

Heol, Noël ou Nedelek, comme disent les Bretons d’aujourd’hui, le sens primitif de la solennité s’est perdu en chemin : la race continue machinalement le « geste héréditaire », se plie par accoutumance aux mêmes rites pour saluer le retour du Libérateur. Si ratatiné que l’aient fait nos amis d’Alsace, qu’il garde encore de puissance sur nos âmes, le bon père Noël ! Ses mains sont pleines de miracles, et mille légendes ravissantes, pareilles à des oiseaux d’or, s’envolent de sa barbe floconneuse. Ne voulez-vous point que nous en arrêtions quelques-unes au passage ? Je sais où elles nichent sur le soir et vous n’aurez qu’à me suivre. Nous quitterons la grand’route ; nous nous enfoncerons dans un de ces petits chemins délicieuse-