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MONOGRAPHIE D’UNE VEILLEE[1]


(noël au manoir)




À Paul Le Tulle.

C’est Mistral qui disait : « Les novateurs, les progressistes, les conseillers municipaux de Paris ou d’ailleurs, auront beau s’ingénier pour créer une fête démocratique ou populaire à la hauteur des idées du jour, ils ne trouveront jamais mieux que notre vieux Noël fêtant joyeusement la naissance du bon Dieu sur la litière d’une étable ». Croyons-en le grand poète de Mireille et de Calendal, qui vit dans la communion des humbles et leur doit le meilleur de son génie : il passera beaucoup d’eau sous les ponts devant que Noël soit détrôné de sa royauté légendaire.

Et justement le voici de retour parmi nous ; c’est lui, sa barbe de neige, sa houppelande mouchetée de flocons blancs, ses grandes bottes, son capuchon, ses gros sourcils et l’éclair malicieux de ses petits yeux vifs. Salut au bonhomme Noël ! Ainsi harnaché, d’où nous vient-il ? D’Alsace, sans doute. Du moins est-ce bien sur ce versant des Vosges que sa légende s’est cristallisée ; c’est là qu’il a pris forme, que de pur esprit, de simple entité métaphysique, il s’est mué en

  1. Conférence faite à l’Athénée Saint-Germain pour l’exposition bretonne organisée par la société La Bretagne (1898).