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ici que parce que la religion est demeurée la grande, presque l’unique chose. À qui voudrait revivre, respirer d’une même haleine tout le moyen âge hiératique, il faudrait venir, les soirs de mission ou de jubilé, dans ces petites églises bretonnes d’où la foule trop dense déborde longuement par delà le porche sur les tombes et les murs d’enceinte du cimetière. Le paradis, l’enfer, le purgatoire, qui sont l’obsession de la race, sont aussi les thèmes ordinaires des prédicateurs. Cambry n’y comprit rien ; il parle avec indignation « des dialogues institués par les missionnaires de Basse-Bretagne entre deux têtes de morts » et qu’accompagnaient un commentaire et des apparitions si effroyables qu’il n’était point rare de voir des femmes avorter dans l’église.

On en a dit autant des pièces d’Eschyle. Ces sortes de scènes étaient excellentes, au moins, pour induire les pêcheurs à résipiscence. Elles étaient de tradition dans l’église bretonne, qui les avait empruntées en partie de Le Nobletz et elles n’ont point encore disparu de toutes les paroisses. Le Père Maunoir s’y acquit une célébrité au XVIIe siècle ; il n’avait point son pareil dans l’explication des tableaux volants : l’âme en état de péché, l’âme contrite, l’âme en état de grâce, l’âme dans l’épouvante, la mort du pêcheur, l’enfer, etc.

Ce même abbé Le Roux, qui a laissé dans l’imagination populaire un souvenir si pénétrant et le plus précieux du monde à consulter, excellait aussi dans le maniement et l’explication des tableaux volants. Les siens représentaient les sept péchés capitaux et