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comme le propose Fréminville, serait alors pour Maître. L’hypothèse n’a rien de choquant.


V


Tel quel, le calvaire de Plougastel, une fois le genre admis, marque un progrès très réel sur le calvaire de Guimiliau. S’il est vrai cependant, comme le veut M. Léon Palustre, que, dans le domaine de l’art comme dans la vie courante, rien ne soit aussi difficile que d’observer longtemps une juste mesure et qu’on n’évite généralement un excès que pour tomber presque aussitôt dans un autre, c’est ce que tendrait à démontrer le calvaire de Saint-Thégonnec, où les trois croix de Plougastel-Daoulas, qui dominaient si artistement la figuration groupée à leur pied, s’élargissant outre mesure et se surchargeant de nouveaux personnages, n’ont plus pour base qu’un étroit massif rectangulaire pareil à une boutique ambulante, à un petit éventaire d’objets de piété.

Disproportion d’autant plus fâcheuse qu’à côté de ce calvaire avorté le cimetière de Saint-Thégonnec possède une intéressante église et un magnifique ossuaire du XVIIe siècle, qui est proprement le bijou du genre. Thégonnec lui-même, le vieux thaumaturge qui donna son nom à la paroisse, est représenté en costume d’évèque sur le calvaire, dans une niche creusée au-dessus de l’autel ; mais on ne voit point