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ser. Le calvaire de Plougastel est-il de la même main que celui de Guimiliau ? On le croirait. L’architecte se serait donc corrigé à sa seconde tentative et aurait profité des écoles et des tâtonnements de la première.

Il est seulement dommage que son nom, si tant est, comme on le verra plus loin, qu’il ne figure point sur l’une des inscriptions du monument, se soit définitivement perdu ; mais c’est un sort commun à la plupart des faiseurs de calvaires. On n’en connaît avec précision que deux : S. Guillouic, dont nous avons relevé le nom sur un cartouche du calvaire de Guéhenno, et Yves Ozane, dont le nom est inscrit sur la table du calvaire de Pleyben. Il y a bien quelques chances aussi pour que le calvaire de Kergrist-Moëllou doive être attribué aux frères G. et P. Goséquel (sans doute Jézéquel), architectes de la tour. Mais, pour les autres calvaires, c’est l’incertitude même : leurs architectes sont restés anonymes et l’on ne connaît pas davantage le nom des naïfs imagiers qui en assurèrent l’exécution et taillèrent les personnages des entablements.

À Plougastel, le nombre de ces personnages est de plus de deux cents. Comme toujours, ils pèchent par un absolu dédain de la couleur locale. Leur coutume est celui de la fin du XVIe siècle et beaucoup ont toute l’apparence de portraits. C’était l’époque par excellence où, dans les moindres bourgs de Bretagne, aux fêtes votives, aux foires, aux marchés, on jouait ces mystères de la Passion dont les acteurs, comme à Oberammergau, se recrutaient dans le peuple,