ler, à l’époque des grands pèlerinages, le calvaire de Pontchâteau est une estrade toute dressée pour les semeurs de la parole divine. » La plate-forme du calvaire de Guimiliau dut remplir une destination semblable ; de cette tribune en plein air, la voix du prédicateur, les jours de pardon, pouvait couvrir d’énormes espaces, remuer jusqu’en ses confins extrêmes la marée humaine qui se pressait dans le cimetière et sur le placitre. Et telle fut aussi, je pense, la destination primitive de la plate-forme du calvaire de Plougastel-Daoulas[1] qui n’est qu’une réplique magistrale du précédent. Heureusement qu’à Plougastel, les dimensions étant plus grandes, le défaut de proportions n’est pas aussi sensible. Les faces droites du massif central ne sont plus étranglées entre les projections en diagonale ; la pénible confusion qui choquait l’œil dans le calvaire de Guimiliau, si elle ne disparaît point tout entière, est fortement atténuée par l’ampleur et la bonne disposition des jours. Au lieu d’une croix unique, il y en a trois qui meublent le vide supérieur et dominent la figuration sans l’écra-
- ↑ Comme type intermédiaire du genre, mais plus voisin cependant de la chaire à prêcher que du calvaire, on pourrait citer la tribune circulaire en granit, de 2m,30 de hauteur, qui s’élève dans le cimetière de Pleubian (Côtes-du-Nord). Cette chaire-calvaire, comme l’appelle M. Kerviler, n’est pas seulement remarquable par la croix qui la domine : « Les faces extérieures de la Tribune sont sculptées et représentent des scènes de la Passion. Aux jours des grandes solennités religieuses, les recteurs de Pleubian y prêchent encore l’évangile aux fidèles assemblés ». (Les chaires extérieures en Bretagne.)