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danses — qui m’ont fait tomber dans le péché !… »

Il y a peu d’années encore, quand les prédicateurs bretons, pour dramatiser leurs prônes, se servaient de tableaux sur châssis volant où les sept péchés mortels étaient représentés par des animaux, l’orgueil par un paon, la gourmandise par un cochon, etc. etc., c’était Catel-gollet qui, de temps immémorial, dans ces naïves figurations, symbolisait la luxure. L’un de ces prédicateurs, l’abbé Le Roux, mort vers 1860, s’était fait une spécialité du type. Retroussant sa soutane, il imitait Catel-gollet entrant au bai et déployant ses grâces. Tout le monde riait aux éclats, mais bientôt survenait Belzébuth, qui saisissait sa proie. Catel se débattait en vain ; elle tombait en enfer avec des rugissements si horribles, dit Benjamin Jollivet, « que les auditeurs, glacés d’effroi, s’échappaient par toutes les portes, croyant avoir le diable à leurs trousses »[1].

La représentation plastique de cette sombre anecdote ne devait pas avoir moins de prise sur les Bretons du XVIe siècle que les prônes mimés de l’abbé Le Roux sur nos contemporains. Mais le martyre et l’enfournement de Catel-gollet ne sont point la seule originalité du calvaire de Guimiliau : celui de Plougouven n’affichait aucune préoccupation utilitaire ; dans le calvaire de Guimiliau on remarque tout de suite, entre les deux appendices de face, un enfoncement destiné à recevoir un autel et une statue patronale. De fait, les voici. La statue ne porte au-

  1. V. plus loin le Curé breton.