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sarcophage barbare. Mais l’accord définitif de la grâce et de la majesté dans les monuments du premier cycle (1520-1560), c’est aux calvaires de Guéhenno et de Plougonven qu’il appartenait de le réaliser.


II


Le calvaire de Guéhenno, dans l’arrondissement de Ploermel (Morbihan), s’il répondait davantage au concept que nous nous faisons de ces sortes de monuments, ne serait pas loin de m’apparaître comme le chef-d’œuvre du genre. Mais la figuration en ronde-bosse du grand drame évangélique y est trop visiblement réduite à sa plus simple expression : une Pieta, les quatre prophètes et un portement de croix en font tous les frais ; les autres scènes de la vie de Jésus (la Veillée au Jardin des Oliviers, la Flagellation, le Couronnement et la Descente aux Limbes) n’ont été pour le sculpteur que des thèmes accessoires dont il s’est hâtivement déchargé dans les bas-reliefs du piédestal. Encore ne saurait-on trop louer ce piédestal. L’élégance de son dessin, les moulures et les rinceaux dont il est délicatement brodé : composé de deux massifs pleins accolés perpendiculairement en forme de tau ou croix de Saint-Antoine, il est coupé, aux deux tiers de sa hauteur, par une corniche du plus pur style renaissance et flanqué à ses angles par les statues des quatre évangélistes. Rarement une ornementation