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LES GRANDS CALVAIRES DE BRETAGNE

impossible de les identifier (cf. l’adolescent portant un globe ou une pomme dans le panneau de l’Adoration des Mages, le moine humilié au pied de la croix du bon larron, etc.). Quelques scènes valent cependant d’être signalées : l’Annonciation où l’ange Gabriel lève un grand phylactère devant Marie agenouillée sur un prie-Dieu à compartiments, le casier inférieur faisant bibliothèque ; la Descente aux Limbes, ceux-ci figurés par la gueule d’un dragon d’où l’on voit issir Adam et Eve[1]  ; l’Adoration des Mages, avec sa Vierge-Mère couchée nue jusqu’à la taille (l’usage des chemises de lit, qui date du XVIe siècle, ne se généralisa qu’assez tard en Bretagne) et qui tend les bras à l’énigmatique sphérophore dont il fut question plus haut. Dans l’ensemble, le calvaire de Tronoën-Penmarc’h accuse bien la lourdeur des premiers âges et l’on aperçoit tout de suite que l’architecte ou le maître maçon qui l’a conçu ne s’est point mis en frais d’imagination : autour d’un massif plein rectangulaire il a disposé une corniche et un entablement propre à recevoir ses personnages. Une croix centrale et deux croix latérales plus petites dominent leur double figuration et ces croix seraient peut-être d’un style assez heureux, s’il n’y avait une évidente disproportion entre leur gracilité relative et le socle monumental qui les porte (4m,50 de long sur 3m,15 de large).

  1. « Cette représentation ingénieuse, dit M. l’abbé Abgrall (Livre d’or des Églises de Bretagne) a été imitée dans les autres calvaires qui ont été sculptés postérieurement ; mais l’idée y a été moins bien comprise, car, au lieu d’exprimer le séjour des justes, on a semblé figurer le véritable enfer des damnés. »